
UN SIMPLE ACCIDENT
De Jafar Panahi
Du rire dans le drame
Pour son nouveau film, Jafar Panahi n'abandonne pas sa plume acérée : il la transforme, encore et toujours, en arme anti-dictatoriale.
Les apparences sont parfois trompeuses. La relativité s'applique ici tant au scénario qu'à l'intention : UN SIMPLE ACCIDENT n'est pas un film de vengeance mais bien un récit empreint de liberté, en quête de justice et de reconstruction post-traumatique.
Le réalisateur, ayant lui-même été victime du pouvoir en marche en Iran, pourrait nous amener à nous interroger quant à la mise en abyme de son passé et de son histoire filmée. Mais c’est là que Jafar nous déjoue, proposant plutôt une catharsis universelle, accessible à tous grâce à ses faux airs de comédie populaire.
Un récit choral où se rencontre une galerie de personnages sans lien apparent, pourtant unis par le souvenir d’un homme invisible : leur tortionnaire de prison.
En jouant sur l’incertitude permanente, le film tisse une toile comique sur fond de tragique, et s’avère excellemment alimenté par une joyeuse bande d’opprimés. Une troupe dont il faut saluer le courage de la participation à ce tournage clandestin ainsi que leurs interprétations contenues et à fleur de peau.
UN SIMPLE ACCIDENT est un grand film altruiste, avec une attention aux détails importante, jusque dans les images... Et si l’espoir d’un avenir radieux transparaissait toujours de l’ombre ?
Par Juliette Chéron (du Rialto) - 01/10/25

