Cinéma Rialto - Nice
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2025

ANOTHER END

De Pietro Messina

Il y a 10 ans sortait LES REVENANTS de Robin Campillo, où les morts revenaient à la vie pour hanter les vivant.

Dans ANOTHER END on adopte le contre-pied : ce sont les vivant qui sont hanter par le souvenir de leurs morts. Science-fiction sur dos d'IA et nouvelles technologies, on est fasciné autant qu'inquiéter par le procédé qui pourrait devenir bien réel dans quelques années. 


Un film recherché qui rappelle le meilleur de Black Mirror et dénote de le paysage cinéma actuel.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 27/05/25

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SIMON DE LA MONTANA

de Federico Luis

Un très beau film sur la reconnaissance, filmé de manière intimiste et omnisciente.

Simon De La Montana est un film de troupe où l'on observe, où l'on se regarde, où l'on se respecte et où nous, spectateur, on se sent intégré. C'est aussi un film de bataille pour la reconnaissance et l'acceptation du handicap, mais pour une fois fait sans lourdeur, avec beaucoup de vraie bienveillance et surtout sans stigmatisation. En ça, ce film dénote, nous happe, et nous touche.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 23/04/25

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COMMENT DEVENIR RICHE GRACE À SA GRAND-MÈRE

de Pat Boonnitipat

Ne vous fiez pas au sarcastique titre de ce film, il n'est pas du tout question de pousser mémé dans les orties ! 


Nombreux sont les mélodrames à vouloir trop en faire pour nous émouvoir à tout prix, mais ici la richesse arrive d'un texte épuré où l'on cherche plus à nous faire rire (au milieu des larmes).

COMMENT DEVENIR RICHE (GRACE À SA GRAND MÈRE), est une œuvre d'une extrême sensibilité autour de l'éternel sujet de l'héritage quand on le regarde au premier abord. Mais lorsqu'on y regarde d'un peu près, un sous-texte analytique autour de la société thaïlandaise moderne apparaît. Il n'est donc pas question que d'argent, mais bien un état sur l'opportunité et l'égalité des chances au sein d'une même famille. En ressort un film riche et vaste qui utilise l'humour comme cri d'une génération perdu entre racine et mondialisation. 


Un made in Thailand plein de finesse, universel, plein de bon sentiment, qui éveille notre nostalgie et nous rappelle à quel point on aimait notre mamie.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 16/04/25

 

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THE GRILL

d'Alonso Ruizpalacios

Qu'en est-il de l'american dream en 2025 ? 

Visiblement, le rêve n'a pas bougé et sa désillusion reste indéfectible. 

Adapté d'une pièce de théâtre de 1957, le film est un manifeste humaniste prenant à partie la vie des émigrés à New-York. Il est aussi un constat du temps et de l'évolution sociétale ; et il est toujours aussi sidérant d'observer que malgré 60 ans passés, le scénario reste indémodable.

Film sensitif en tout point, on ne peut que saluer l'interprétation des acteurs internationaux dans cette mise en scène chorale, bouillonnante et explosive. Aussi paradoxale que cela puisse être, la mise en image est quant à elle en proie au lexique du froid : noir et blanc profond, cadrage borné enfermant les personnages dans une forme clivante, les laissant au contact de la matière brute (Aluminium, béton, liquide...). Nous ressentons chaque mouvement et chaque pression de ce navire à la dérive.
Mais le plus brillant ici reste le symbolisme. En réduisant l'action au microcosme d'une cuisine sur Time Square, on nous démontre qu'à l'épicentre du monde (et du rêve de l'imagerie collective) le mythe reste intact et inoxydable au temps. La technologie peut évoluer, mais les conditions de vie ne bouge que très peu. 

THE GRILL est un grand film sociologique, au message fort. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 02/04/25

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BABY

de Marcelo Caetano

Regard droit et tendre pour une histoire questionnant la sensibilité dans un monde imperméable et dénué d'empathie. 
Marcello Caetano offre l'adaptation de la société actuelle dans un microcosme autour d'un São Paulo en pleine mutation. Un moment où les classes se rencontrent, les générations se mêlent, où les stigmates du passé sont encore à chaud et continue de brider les libertés à leur guise.


C'est ici que débute l'aventure de Wellington, alias Baby, jeune homme gay, fraîchement sorti d'un centre de détention pour mineur, abandonné de tous et lâché en pleine fosse lion. En pleine désillusion et perte de repère, c'est au détour d'une nuit qu'il va croiser Ronaldo, bel adonis de quelques années son ainé, qui deviendra successivement guide, confident et amant...

Un mélodrame moderne, humble et attachant, interrogeant la société et la filiation, garantie sans jugement, n'étant qu'amour, un hymne à la joie, une ode aux amis, à la vie et à ce que l'on en fera.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 02/04/25

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LIRE LOLITA À TÉHÉRAN

d'Eran Riklis

Adapté de l'histoire vraie et du roman éponyme, LIRE LOLITA A TÉHÉRAN est le film pro liberté nécessaire à nos heures sombres !


Une véritable profession de foi qui ne se prive de rien, et de personne à en juger son casting doré composé uniquement d'actrices Iraniennes majeurs et exilés (Golshifteh Farahani, Zar Amir Ebrahimi), incarnant un groupe de femme résistante avec en guise d'arme la liberté de penser. 


Un film qui nous embarque au travers des lignes de l’Histoire, en soulevant les questionnements de l’embrigadement et du pouvoir de l’éducation culturel. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 26/03/25

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PARTHENOPE

de Paolo Sorrentino

Parthenope est une chimère. Une beauté envoutante, incommeusrable à l'image de la ville qu'elle incarne : Naples. 

Un film anthropologique fascinant, à la recherche des Hommes, de leurs vices et de leurs fantasmes, à la quête archéologique d'une région millénaire, à l'interprétation des myhthes grecques et italiens, le tout vu de l'oeil d'une Cariatide à l'épreuve du temps. Aussi céleste que son actrice, la cité prend toute son ampleur et son exhubérance dans un film plein de mystère et c'est peut-être cela qui nous plait tant... 

Car Parthenope se mue au fil des rencontres et de son regard, allant du spleen à la décadence, réinventant le sacré au dédale des rues et des îles.

Paolo Sorrentino signe son retour sur grand écran avec un film aussi esthétique qu'allégorique. Parthenope est un peu comme un rêve miroir de son précédent film  "LA MAIN DE DIEU" et une continuité dans ses hommages au capitales Italiennes, et une lettre d'amour à sa ville d'origine l'innimitable Napoli. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 12/03/25

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PRIMA LA VITA

de Francesca Comencini

Réalisé par Francesca Comencini, fille de Luigi, éminent réalisateur Italien de la seconde moitié du siècle dernier, PRIMA LA VITA est plus qu'un simple récit biographique : il est l'histoire universelle des sentiments inconditionnels, rédigé dans une lettre d'amour d'une fille à son père.

Le cinéma ayant toujours été un révélateur de sensibilité, il apparaît ici plus comme un catalyseur, une voix, voir même l'héritage d'un homme pudique au regard singulier sur la vie. Un portrait loin de l'idéalisation, mais plein de sagesse, d'une personnalité tendre qui cherche le bien et n'ayant pas peur de l'échec. 

Et c'est en cela que ce film s'éloigne du ton moralisateur, préférant aller chercher la justesse dans une suite de répliques où chaque mots compte, et où éclot de chaque phrase des paroles juste, nous amenant du rire au grave. 
Prima La vita est un film simple, tout en retenue ; une ode à l'amour, un hymne à la vie et à l'émotion garantie.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 12/02/25

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LA PAMPA

d'Antoine Chevrollier

Contemporain, accessible, La Pampa est une histoire forte avant tout. Il décrit la réalité de la vie en campagne, du microcosme où l'intime est l'affaire de tous, où la fraternité va au-delà des liens du sang et où les fractures brisent face aux jugements.

Et là, surprise, car pour un film dont le sujet a été énormément traité ces dernières années, le film trouve son originalité dans son regard omniscient allant chercher dans les tréfonds des sentiments intimes, taiseux et indicibles. Pour un premier film, c'est assez rare d'atteindre une telle précision et d'aller même surprendre par un côté décomplexé.

La Pampa se doit d'être vu, de tous, afin de forcer le regard, d'ouvrir un débat sur l'importance des mots et des gestes.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 05/02/25

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MARIA

de Pablo Larrain

AVE MARIA, VIVA LA CALLAS

La distinction est importante et c'est la dualité qui prime dans ce portrait miroir. Une confrontation permanente à l'automne d'une vie, jonché d'autant de feuilles que de souvenirs, d'un destin hors du commun, celui de la cantatrice Maria Callas.

Et c'est entre le jaune "Sunset" et le vert cadavérique, que transparaît le visage d'une autre icône : Angelina Jolie, signant son retour au cinéma dans une interprétation plus que convaincante d'une artiste à bout de souffle. Une performance soutenue par l'aide d'un autre duo emblématique : à l'écran les domestiques de la Callas, à la scène Pierre Francesco Favino et Alba Rorhwacher, visage du cinéma italien contemporains. 
Pablo Larrain est maître des biopics intimes (Spencer, Jackie), et réalise un tour de force en mettant brillamment en scène la réminiscence des derniers instants.

MARIA est un film doux, sanctifiant la femme, célébrant l'artiste, qu'elle soit Callas ou Jolie.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 24/01/25

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2024

SANS JAMAIS NOUS CONNAÎTRE

d'Andrew Haigh

“Il y a des vampires à ma porte…”

Des vampires oui, et des fantômes aussi. Nous ne vous proposons pourtant pas un film fantastique, mais bien une épopée d’aventure psychologique, oscillant entre la quête de soi et le fantasme d’une vie rêvée. 
En ce sens, il aurait été plus juste de garder le titre original “ALL OF US STRANGERS” (Tr : Nous nous sommes tous étrangers”) pour caractériser ce film. 

Inspiré du roman de Yoshi Armada “STRANGERS”, Andrew Haigh (La route sauvage, 45 ans…) nous propose une version plus autobiographique, qui vient nous toucher en plein cœur. 
Une mise en scène sobre, des images reflets, une bande originale envoûtante ; il n'en faut pas plus pour vivre emphatiquement la nostalgie de Adam, le personnage principal, emprunt au deuil de ses parents.

Un mort-vivant donc, qui se complait dans les limbes (ici, un appartement ordonné dans un immeuble vide en périphérie de la ville), enfin presque, car l’imprévu vient sonner à sa porte, venant réveiller ses douces chimères… S’en suivra une fascinante bataille entre passé et présent, dont l’issue saura vous surprendre. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 14/02/24

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LA SALLE DES PROFS

d'Ilker Catak

Réaction en chaîne pour une professeur de mathématique acculée
Par Juliette Chéron (du Rialto) - 06/03/24

LA SALLE DES PROFS est un film qui ne vous laissera pas indemne. Il est de ceux qui vous intègrent à son processus de manière omnisciente et qui ne vous relâchera que quelques heures plus tard.  Ilker Catak, nous offre une œuvre authentique, parfaitement maîtrisée, voire extatique. En partant d’un geste immoral réduit au microcosme d’un collège, le film décortique les rouages universels de notre société moderne. 

Chaque détail compte, une atmosphère, un décors-personnage aussi réconfortant que dangereux, couleurs froides et âpres, un montage allant crescendo sur une musique entêtante, sans oublier un casting remarquable du premier aux seconds rôles… Le tout, dans un cadre 4/3, afin de mieux nous border dans cet univers claustrophobe étouffant.
Un film presque manifeste philosophique, indéfiniment contemporain, à voir absolument en salle (de cinéma).

 

Un huis-clos en milieu scolaire filmé tel un thriller, avec une mise en scène chirurgicale et une tension qui monte crescendo jusqu’au plan final.

Par Sinan Culha (du Rialto) - 06/03/24

Le réalisateur traite avec délicatesse des sujets forts tel que la xénophobie, la solitude, la délation et l’injustice dans un film poignant, où l’on suit l’interprète principale (phénoménale) de bout en bout dans sa quête de vérité.
Voici assurément l’un des plus beaux films de l’année.

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LE JEU DE LA REINE

de Karim Ainouz

Coup de projecteur sur Catherine Parr, première écrivaine publiée en Angleterre et dernière épouse du terrible Henry VIII.

Bien qu’il s’agisse là d’une biographie fantasmée et assumée à des fins sensationnelles, le film séduit dans un premier temps par son duo charme : Alicia Vikander et Jude Law, justes et redoutables dans leurs rôles.
Puis s’offre à nos yeux, une reconstitution soignée dans une mise en images viscérale, à l’attention du détail toute particulière pour une impression presque sensitive.
LE JEU DE LA REINE, chronique d’un destin peu connu, pour une femme qui gagne à l’être.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 27/03/24

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LAROY

De Shane Atkinson

Bienvenue à LaRoy ! 
Ou quand Fargo et No Country For Old Man rencontrent le monde de Sean Baker, cela donne un Néo-Western contemporain vitaminé

Shane Atkinson a su réadapter et s’approprier ses classiques, nous offrant un scénario au rythme galvanisant et à l'écriture précise, et ce, dans une mise en image remarquable.
Frais et nostalgique, LAROY nous embarque dès la première séquence dans son univers aussi dangereux qu'ironique, où chaque personnage est la satire de lui-même ; à ce titre, une mention spéciale au casting n’est pas démérité : des rôles-titres à la Laurel et Hardy, aux personnages secondaires, tous, ont leurs importances dans ce film, et amènent leur pierre comique à l'édifice. 
Définitivement, un film à ne pas manquer !

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 17/04/24

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BORDER LINE

de Alejandro Rojas, Juan Sebastián Vásquez

Si vous aviez aimé THE GUILTY, vous allez adorer BORDER LINE !

Intense film d'interrogatoire qui dissèque le couple, nous faisant devenir jury d'un procès non déclaré.
Ce film tire son épingle du jeu sur sa mise en scène et sa construction, faite de silences écrits et sonores, créant un climat singulier inquiétant, qui va au fur et à mesure basculer dans le thriller étouffant et anxiogène.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 01/05/24

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BLAGA'S LESSONS

de Stephan Komandarev

Après Taxi Sofia et Round, le réalisateur, Stephan Komandarev est de retour avec Blaga’s Lessons, dernier épisode d’une trilogie satire de la société Bulgare !

Tout a une fin, sauf Blaga, on pourrait même dire que c’est à sa retraite que tout commence. Véritable incarnation de l’anti-héros, le film détonne par la remarquable interprétation de son actrice principale, Eli Skorcheva. 
Corrosive, vipère, et en même temps mamie touchante, en proie aux tourments, on l’aime autant qu’on la déteste, et c’est bien là que le film tire son épingle du jeu. On ne tombe jamais dans le pathos, les scènes s'enchaînent sans perdre en rythme, en nous surprenant toujours un peu plus. 

Un film assez inclassable, à mi-chemin entre le drame social, la comédie sarcastique et le thriller, Blaga’s Lessons est surtout un hommage à une génération esseulée, affectée par les multiples transitions politiques du pays.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 08/05/24

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LES 4 AMES DU COYOTE

d'Áron Gauder

Une grande fable pour un monde plus Humain !

Une belle réécriture des mythes sur la création du monde, pour une version plus fondamentale que la vision occidentale. LES QUATRE AMES DU COYOTE est un film vaste et pédagogique, à plusieurs récits imbriqués, qui permet d'aborder plusieurs sujets : Histoire, mythes, transmission intergénérationnelle, écologie...
Mention spéciale pour le dessin d'animation 2D, très attractifs, simple et épuré, une véritable valeur ajoutée, nous immerge dans un monde imaginaire où l'impossible devient accessible. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 15/05/24

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HEROICO

de David Zonana

Un film qui nous écoeure autant qu'il nous fascine tant par sa radicalité scénaristique que dans sa mise en image.

Graphique et composé, chaque plans nous maintient dans une ambiance lourde et pesante ; Ajoutez à cela une mise en scène sèche et un montage brut : vous obtenez un thriller claustrophobique, qui ne s'essouffle jamais. Déstabilisant, HEROICO est un tour de force cinématographique sur la violence physique et mentale qui n’est pas sans rappeler la froideur des films MONOS d'Alejandro Landes et des ELEPHANT d'Alan Clarke et de Gus Van Sant.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 22/05/24

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LOVE LIES BLEEDING

De Rose Glass

De la sueur, des muscles et du sang… Le film ne se prive de rien et heureusement. 

Cru, trash, camp, les adjectifs ne manquent pas pour décrire Love, Lies, Bleeding, et pourtant, il serait trop restrictif de ne le réduire qu’à ça. Oui, nous sommes sur un scénario insidieux, une esthétique plastique, presque surréaliste, mais ce, pour mieux se payer la tête de l'Amérique. 
Car c’est ce que ce film est : une satire sociale sous stéroïdes, politique et nécessaire. Rose Glass, récemment acclamée pour Saint Maud, s’empare de tous les vices modernes : paraître, média, armes à feu, opioïdes... 

En ressort un anti-Barbie entre body-horror, romance féminine et humour noir, qui s’inscrit dans la lignée du cinéma de genre. On saluera l’interprétation au sommet du duo d’actrices, joué par Kristen Stewart et Katy O’Brian, formidable dans leur rôle. Vous l’aurez compris, un film à regarder au second degré, mais à interpréter au sens premier ! 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 12/06/24

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THE BIKERIDERS

de Jeff Nichols

Chronique intime d'un groupe d'Easy Rider.

Un film qui frappe dès l'ouverture. Il n'épargnera rien, ni personne et signe avec brio le retour du réalisateur Jeff Nichols (Mud, Take Shelter...).
Cinéaste de l'introspection, ne vous attendez pas à voir juste un film de bikers vrombissant, mais plutôt de vivre une expérience profonde en immersion avec une bande de passionnés et leurs familles dans l'Amérique post-Vietnam.

En s'inspirant des clichés du photographe Danny Lyon, Jeff Nichols rend un hommage pur et sobre aux Vandals, gang mythique du middle west, en ne recréant pas seulement leur époque, mais aussi l'effervescence d'une ville, l'effet de groupe, et l'appartenance. 

Il est de ces films avec un parti-pris, ou l'image n'est pas juste de façade, mais un révélateur foncier. Un grand film alchimique, sous différentes formes : 
Passionnelle, entre un homme mutique et sa moto, marqueur de son libre-arbitre.
Fraternelle, dans son aspect primaire : Une troupe à la seconde peau de cuir, qui fait sens et corps pour n'être plus qu'un.
Enfin, l'alchimie d'un couple, où tout passe le regard, de la première rencontre à la dernière seconde.

The Bikeriders est un film de troupe tenu par un casting parfaitement choisi : Austin Butler, acteur à la présence magnétique, et magnifié ici par un éclairage construit accentuant son jeu taiseux. L'espiègle Jodie Comer, nouvelle star émergeante de la télé et du cinéma d'auteur britannique, qui surprend par sa transformation dans chacun de ses rôles, incarnant l'épouse du mystérieux Benny. Tom Hardy, en ténébreux chef de gang, au faux air d'un jeune Brando. Sans oublier, l'intégralité des rôles secondaires, tous aussi charismatiques les uns que les autres : une troupe synergique à l'essence unique.

Une mélancolie douce pour un film social, qui nous rappelle le meilleur d'Hollywood des années 50-60, offert par un Jeff Nichols au regard fasciné : The Bikeriders, libre et suave, à voir en salle, absolument.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 19/06/24

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LE MOINE ET LE FUSIL

de Pawo Choyning Dorji

Entre conte moral et satire sociale, LE MOINE ET LE FUSIL brille de son intelligence et de son humilité. 

Le réalisateur dresse avec humour le terrible constat de l'ethnocentrisme lors des premières élections démocratiques du Boutan (son pays, peu représenté à l'écran) mais, rien ne va se passer comme prévu... 
Un scénario à la Ionesco, aux apparences absurdes, mais au texte induit fort, intégrés dans les sublimes steppes vierges du Boutan, et voici une comédie d'auteur que l'on adore. Un film juste, équilibré, qui ne se fera pas oublier !

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 26/06/24

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LES FANTOMES

de Jonathan Millet

À la recherche des spectres du passé.

LES FANTÔMES, premier long-métrage de Jonathan Millet, est un thriller à la traque effréné, obsédante, et viscérale.  Le film nous immerge totalement dans la folie hantée d’Hamid, joué par Adam Bessa, brillant, dans une interprétation à fleur de peau. 
Loin du spectacle et du sensationnel, il en ressort une œuvre sobre, latente qui réinvente le genre sans artifice. D’une rare maîtrise, de par un montage image et son extrêmement soigné, et à une mise en scène au cœur du regard, jouant sur les flous, adaptant le souvenir : LES FANTÔMES est un film ardent qui vous tiendra en haleine du début à la fin.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 03/07/24

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DOS MADRES

De Víctor Iriarte

Polar inspiré d'une histoire vraie

Ce film séduit par son esthétisme propre : entre roman-photo et échanges épistolaires. 

On y renverse les codes, les images sont aux services du texte, les regards remplacent la parole dans une double interprétation juste offerte par deux grandes actrices espagnoles ayant fait leur classe chez les maîtres Almodovar et Saura. Une œuvre rare, rappelant un peu les films de Claude Chabrol,

DOS MADRES trouve le parfait point de balance entre son style, ses influences, et son engagement. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 17/07/24

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LE FABULEUX DESTIN D'AMELIE POULAIN

de Jean-Pierre Jeunet

Une madeleine au milieu de l’été…

Car oui, Amélie, c’est un peu notre madeleine de Proust : un doux souvenir savoureux, pétillant, plein de vie, immuable et entêtant.

On se souvient des petits riens qui sont devenus grandes choses, comme quelques notes simples sur un piano offrant une valse éternelle, les frissons provoqués par un train fantôme dans la chaleur d’un été particulier, ou bien encore, la découverte d’une boîte contenant le trésor d’une vie passée. 

Amélie Poulain est un songe, une ode à la vie, un heureux hasard qui nous rappelle que la chance, c’est comme le Tour de France : on l’attend longtemps et ça passe vite. Alors quand le moment vient, il faut sauter la barrière sans hésiter… N’attendez plus, poussez donc la porte de votre Rialto adoré et offrez-vous un fabuleux destin.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 24/07/24

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GIRLS WILL BE GIRLS

de Shuchi Talati

Passion, découverte, premiers amours : l'adolescence est un moment charnière où l'on développe ses connaissances, où le sens de l'observation est à son paroxysme.

Omniscient, on y suit l'histoire de Mira, jeune fille solaire bien ancrée dans son époque, originaire d'Inde, pays au balbutiement paritaire. Scénario intime, mis en scène linéaire, nous sommes à hauteur des personnages, au cœur de la complexité du rapport à autrui. GIRLS WILL BE GIRLS fait le portrait d'un face-à-face avec soi-même, au regard tendre sur un âge ingrat. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 21/08/24

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EMILIA PEREZ

de Jacques Audiard

Avec Emilia Perez, Jacques Audiard nous livre un opéra moderne, de l'ordre de l'intime aussi passionné que passionnel. Allant creuser au plus profond des sentiments de ses personnages, et de notre propre acuité.
En revisitant le film de gangster à la sauce musical, il offre à son œuvre un style unique, contemporain, à l'âme tendre et à l'esthétique magnifié qui séduit nos sens.

De Zoe Saldana, Karla Sofía Gascón, Selena Gomez et Adriana Paz, les actrices, aux musiciens, aux auteurs et au metteur en scène, il ressort d'Emilia Perez une performance de troupe, une réussite, et avec elle, la promesse d'une rentrée cinéma tonique et vivifiante.

Un film à voir en salle, et à ne surtout pas manquer !

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 21/08/24

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VIET AND NAM

de Trương Minh Quý 

Viet And Nam est un distique.

Un poème filmé tout en dichotomie où règne nostalgie et douceur.
Un film puissant qui nous conte le récit de deux amants cachés vivant de petits rendez-vous dans l’écrin douillé d’une mine à charbon.

Viet and Nam, personnages ainsi nommés, deviennent à eux seuls, le symbole de l’histoire d’un pays longtemps divisé, toujours un peu opposé, et personnifiant le désir simple, mais un enfui d’un peuple : celui de l’unité. 
Tant historique que politique Trương Minh Quý réalisateur, se fait anthropologue d’un conflit passé en nous délivrant ses vestiges et le long processus de reconstruction qui s'ensuit.

Hypnotique, le film séduit par sa composition de lents plans tableaux au ton pastel, qui ne sont pas sans rappeler à notre mémoire les traits de quelques toiles de Munch ou Lebedev. 
Le film est une grande fresque sociale, marqué par sa dualité, mis au service du monde en nous livrant le message murmuré d’une jeunesse marqué d’espoirs et langui par la paix. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 07/09/24

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MA VIE MA GUEULE

de Sophie Fillière

Alors que La Belle et La Belle, précédent film de Sophie Fillière, faisait état d’un face-à-face avec soi-même, Ma Vie Ma gueule, approfondie le complexe du miroir en dressant le portrait d’une femme nous regardant de face. 
Œuvre la plus personnelle de sa réalisatrice, le film suit un moment charnière de la vie de Barbie, femme de caractère, tragiquement drôle, complètement noyée dans ses névroses.

Barbie, c’est Agnès Jaoui, grande force du film, qui nous offre une interprétation burlesque, donnant vie et gueule à ce film poétique. Un jeu à arme égale avec un texte au langage universelle, qui brise presque le quatrième mur tant il nous parle avec sincérité.

Toujours avec humour et sarcasmes, Sophie Fillière nous offre un dernier film à taille humaine et au regard subtil : une ode à la vie pour un film testament, en dehors des codes venant nous toucher en plein cœur avec tendresse et douceur.
TAKKAKAW et merci Sophie. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 18/09/24

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THE APPRENTICE

d'Ali Abbasi

Détrumpez-vous, ceci n’est pas un biopic, mais une fiction aux accents politiques !

Après Les Nuits de Mashhad et Border, Ali Abassi continue d’approfondir la figure du monstre dans THE APPRENTICE, nous montrant l'ascension d’un cadet et la chute d’un titan dans un redoutable face à face, inspiré de la vie de Donald Trump.

Un film dans une mise en scène à la Dallas, et qui va chercher du côté de la tragédie littéraire dans son scénario, on ne peut que penser au dilemme de Faust, à la beauté cruel de Dorian Gray et au bras de fer entre César et Brutus. 
Tant comique que caustique, The Apprentice pose la question du prix de la réussite sociale, vu du prisme du plus gros Ego contemporain, roi du business aux portes du pouvoir. Une satire à ne pas manquer en cette fin d’année de scrutin américain.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 09/10/24

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MISERICORDE

D'Alain Guirodie

Le As Bestas d'Alain Guirodie, un parti pris qui fonctionne.

Avec Miséricorde, Guirodie continu dans sa lancer comique tout en reprenant son style unique, son ancrage géographique et le pathos qui le caractérise tant. En ressort un film hybride, tragico-humoristique sur fond de comédie humaine. Et ce qu'on peut dire, c'est qu'Alain va loin dans la satire. Un savoureux mélange entre fractures sociales ville et campagne, critique religieuse et sexualité évidemment, on rigole autant qu'on s'insurge, que reste-t-il de la moralité ? 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 16/10/24

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CARLA ET MOI

de Nathan Silver

Coup de cœur de Francis Ford Coppola oui, mais du Rialto aussi.

Carla et moi est un bonbon aussi doux qu'il est acide, ce film est une satire à la morale intelligente. 
On y sourit, et se déride, sans honte au comique de situation d'un couple singulier : lui (Jason Schwartzman) mi Buster Keaton à la déprime délicieuse et elle (Carol Kane) professeur en retraite aussi naïve que niaise.

Presque Théâtre de Boulevard, tout le spectre de la mélancolie y passe, où chaque personnage y incarne une nuance, nous offrant une grande pièce où l'ironie est reine.
Loin des comédies dramatiques actuelles, l'humour nous rappelle celui des films populaire des années 70, sans filtre, se moquant gentiment des codes, de la foi de la société qui l'entoure.

Un film qui fait du bien, garanti sans prise de tête, enfin pour nous, à prendre au second degré, dans la joie et sans morosité !

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 23/10/24

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ANORA

de Sean Baker 

Il était une fois, Anora, belle paysanne moderne sans le sou, habitant un New-York crépusculaire, à qui il arriva une rencontre fortuite avec un prince presque charmant...

Et c'est ainsi, que Sean Baker revient au cinéma, pour le meilleur et la satire, toujours. Après nous avoir enchantées avec ses drames autour de la désillusion, Sean s'attaque aujourd'hui à plus grand : la déconstruction du rêve américain. 
Ultra-contemporain, Anora décrit la société actuelle où les mythes persistent, où les apparences comptes, où tout va vite et où les limites s'affine. Objet d'étude fascinant, déconstruire n'est pas chose aisée, pourtant ce film y arrive, et ce, de manière tragi-comique !

Doux et amère, subtil et savoureux, un film qui atteint le paroxysme à chaque séquence grâce à un cocktail sec et corrosif : scénario ironique, images saturées, bande son pétillante, mise en scène précise, et surtout une interprétation explosive d'une troupe d'acteurs incarnant une bande de personnages aussi crétins que touchants. Celle qui resplendit surtout, c'est Mickey Madison, jouant Anora, qui éblouit par sa performance sensible et oubliée

  
Bref, Anora, c'est la statue de la liberté qui cherche à s'extirper de son socle clivant et qui décroche au passage une palme d'or, rêve inouï de tout réalisateur... Paradoxe quand tu nous tiens ! 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 30/10/24

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LE ROYAUME

de Julien Colonna

Un royaume bien caractériel à l'image de son territoire : la Corse.

Première réalisation pour Julien Colonna avec Le Royaume, un film latent, effroyablement calme, qui contraste avec la gravité de son histoire. Thriller sous couvert d'un drame à l'écriture précise, au montage proche de la perfection, à la mise en image sèche, et à l'interprétation forte : un geste cinéma assumé.

Dans une tension permanente, l'histoire ne relâche pas une seconde, allant crescendo, ne nous laissant jamais sur le carreau, et nous offrant un film puissant renouvelant le genre.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 13/11/24

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DIAMANT BRUT

d'Agathe Riedinger

Être ou paraître ? Diamant Brut, une tragédie moderne.

À première vue, ce film apparaît comme le portrait d'une nouvelle génération ultra connecté, addicte au miroir et au médium écran. Mais celui-ci va plus loin en nous proposant une adaptation sous la forme d'un mythe. 

Balayez la religion, les nouveaux dieux sont média, réseaux et leurs enfants influenceurs. L'image brille, nous accroche de sa lumière réflectrice, tel un diamant ; tout comme son actrice, qui crève l'écran, dans un jeu immodérer, mais sans outrage. Solaire dans sa quête de reconnaissance, jamais idéalisée, nous la suivons se "tailler", évoluer, grandir, devenir tout simplement. Le montage linéaire qui gagne en force au fur et à mesure du temps, lui offre prestance, et la musique aux notes classiques et électroniques, lui apporte grandeur. 

Un premier film au caractère bien trempé d'une réalisatrice branchée : oui, la génération Z à enfin un portrait et il est signé, à l'encre plaqué or, du nom d'Agathe Riedinger. 

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 20/11/24

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LEURS ENFANTS APRES EUX

de Ludovic et Zoran Boukherma

Retour en 90 pour les cool kids Zoran et Ludovic Boukherma !

Plus accoutumé à nous proposer, des films aux portes du cinéma de genre, les deux frères saute le pas, en passant au drame avec l'adaptation du roman éponyme LEURS ENFANTS APRÈS EUX de Nicolas Mathieu, prix goncourt 2018. 

Véritable pendant de L'AMOUR OUF réalisé par Gilles Lellouche, sortie il y a quelques semaines ; LEURS ENFANTS APRÈS EUX se distingue pourtant dans le regard apporté à l'époque, à une région industrielle, aux travailleurs qui l'habite et la font vivre, et au monde qui gravite autour d'eux. 
Et rien n'est laissé au hasard : Images, sons, costumes, décors, jargons, aspérités sociétales, et même coupe du monde ; tout y est estampillé "1990", séduisant nos souvenirs, et enfonçant la porte de la nostalgie. 

Un film humble et généreux, qui tient aussi sur son casting doré de jeunes premier à la palette de jeux complexe et candide, contrastant avec la rigidité écachée des acteurs confirmés. 
Le film tape juste faisant état des disparités et de l'égalité des chances d'une rue à l'autre. Véritable matière à réflexion sur les conséquences des actes, LEURS ENFANTS APRÈS EUX nous prouve qu'il n'est pas un simple drame, mais qu'il est surtout un regard doux et lucide sur le monde.

Par Juliette Chéron (du Rialto) - 04/12/24

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